Pour que nous ayons un avenir

Réflexions sur qui nous sommes et notre avenir.

2006/07/24

Dostoïevski et la "question juive"; Le Journal d'un écrivain, mars 1877








Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski



Voici un résumé de ces quelques pages que Dostoïevski consacre à la "question juive" dans le numéro de mars 1877 de sa revue Journal d'un écrivain. Le texte original étant si bon, il faut le lire intégralement. Le mieux que j'ai trouvé a été de créer des fichiers JPEG à partir des pages pdf téléchargées du site Galica, accessible au bas de ce message. Les citations sont tirées cependant d'une autre traduction.

Il existe une propagande permanente dans notre société voulant que toute personne de qualité condamne naturellement, et de façon radicale, toute forme d'hostilité contre les juifs, comme étant de l'antisémitisme. Et chacun comprend qu'il n'y a rien de plus bas que l'antisémitisme, bien entendu. Pourtant, si nous faisions la liste complète de tous les grands hommes ayant exprimé un point de vue radicalement négatif envers le soi-disant peuple élu de Dieu, le plus persécuté de tous sur terre, elle serait non seulement très longue, mais elle comprendrait les noms les plus fameux de toute l'histoire.

Dostoïevski est souvent considéré comme le plus grand romancier de tous les temps. Il était aussi très préoccupé par le sort de sa nation au travers sa longue réflexion sur la condition humaine. Il est animé d'un amour de sa patrie.

Et si l'on aime sa patrie, l'on est susceptible de ne pas être aimé par les juifs... et d'être accusés de ne pas les aimer en retour !


I. La "question juive"

Dostoïevski commence par souligner qu'il n'est pas de force à aborder sérieusement la "question juive", mais qu'il réagit à certaines lettres d'israélites qu'il reçut récemment, l'accusant de nourrir la haine envers le juif. Ironique, il note que ces juifs instruits qui affirment que le judaïsme n'est qu'une religion et non pas une nation et qu'eux-mêmes sont affranchis de tous préjugés religieux, se montrent en réalité, les plus chatouilleux à propos des juifs en tant que nation.

L'un d'eux fait valoir que tous les citoyens doivent être jugés égaux du moment où ils s'acquittent de leurs obligations nécessaires à la vie de l'État; cela défini la loi fondamentale de toute vie sociale, selon lui.

Avant de peser le pour et le contre, l'auteur russe note qu'il n'y a pas de peuple s'étant plaint autant que les juifs: "On croirait que ce n'est pas eux qui règnent en Europe, qui dirigent ne serait-ce que les Bourses, et partant la politique, les affaires intérieures, la morale des États."


II. Le pour et le contre

Par exemple; pourquoi les juifs ne peuvent choisir leur lieu de résidence ? se plaignent- ils. Mais 23 millions de russes au temps de l'esclavage ne le pouvaient pas non plus. Bien qu'ils réclament des droits que la majorité elle-même n'a pas, tout en se disant martyrs, ils se sont rués sur le peuple russe après l'émancipation et sont devenus pires que le propriétaire terrien. Dostoïevski insiste sur cette exploitation du petit peuple par la juiverie et fait la mention d'un journal à propos de l'exploitation des noirs par les juifs aux États-Unis après leur affranchissement quelques années avant. "Or, figurez-vous, quand j'ai lu cela, je me suis tout de suite rappelé qu'il y a cinq ans déjà c'est cela même qui m'était venu à l'esprit, à savoir précisément que les nègres étaient maintenant émancipés des planteurs esclavagistes, mais qu'ils les ont déjà pris en mains à leur manière, par le moyen bien connu de leur sempiternel négoce de l'or et en tirant profit de l'inexpérience et des vices de la race qu'ils exploitent."

Autre cas, les Lithuaniens se font vendre des denrées de première nécessité aux prix fixés par l'Israélite. Il fallut créer des banques rurales et des marchés pour qu'ils échappent à cette exploitation et des sociétés de tempérance, pour qu'ils ne soient pas tous empoisonnés à la vodka.

Il suffit de regarder le premier journal venu pour y lire quelque chose sur les juifs, "toujours les mêmes exploits". On dira que tout le monde est agité par la haine et que tout le monde ment. Pourquoi une telle haine alors ? "...il faut bien qu'elle soit née de quelque chose, cette haine, elle a bien tout de même une signification, cette haine universelle, "cela signifie tout de même quelque chose, le : tous!" comme s'écriait un jour Biélinski..."

Il ajoute: "(...) et je sais qu'on va me crier à l'instant que tout cela ne prouve rien, que tout vient de ce que les Israélites sont eux-mêmes opprimés, eux-mêmes misérables, que tout cela n'est que "lutte pour l'existence", que seul un sot peut ne pas s'y reconnaître, et que si les Israélites n'étaient pas eux-mêmes si pauvres, si au contraire ils s'enrichissaient, ils se révéleraient en un clin d'oeil sous l'aspect le plus humain, si bien qu'ils feraient l'admiration du monde." Les Noirs et les Littuaniens dont ils "sucent le sang" (sic) sont pourtant encore plus pauvres et ne se livre pas aux mêmes négoces que les Israélites fait-il remarquer.

L'écrivain a connu le bagne et les travaux forcés pour son engagement réformateur à une époque, il y côtoya le petit peuple au milieu duquel se trouvait quelques juifs. Il souligne la tolérance du russe envers les juifs, qui ne les juge pas lorsqu'ils prient, pourtant bruyamment et "revêtus d'effets spéciaux". Les juifs cependant se tiennent à l'écart, regarde le russe de haut et refuse de manger avec lui. Mais qui se plaint de la haine de l'autre? : le juif! Qu'adviendrait-il alors du peuple russe, demande-t-il, si c'était le contraire, 3 millions de russe au milieu de 80 millions d'Israélite? Auraient-ils les mêmes droits, pourraient-ils prier librement au milieu des juifs, ou seraient-ils esclaves, ou écorchés tout à fait!, ou même carrément exterminés, "...comme ils le faisaient des autres nationalités jadis, dans leur ancienne histoire?"
Il y a de l'hostilité chez les non-juifs, mais selon lui, elle est due au peuple juif lui-même.


III. Un État dans l'État. Quarante siècles d'existence:

Après avoir donné des exemples de l'attitude du peuple russe ordinaire, dépourvu généralement de préjugé, Dostoïevski se demande si les juifs n'ont pas eux plus de préjugés encore, bien qu'ils en accusent précisément la population de souche. Il prend en exemple, justement, les lettres de ces juifs instruits où s'exprime une haine extraordinaire envers le peuple russe.

Il enchaîne avec un raisonnement relevant de la biologie évolutive, en se posant la question, comment purent-ils survivre en diaspora, sinon en ayant constitué un État dans l'État. À l'intérieur de cet État, la ségrégation volontaire est élevée en dogme religieux. Il n'y a qu'une seule nationalité, la juive, les autres n'existent pas. Cette loi juive leur dit : "Retire-toi d'entre les peuples et fais bande à part et sache que tu es désormais le seul peuple de Dieu, les autres extermine-les, ou réduis-les en esclavage, ou exploite-les. Crois en ta victoire sur le monde entier, crois que tout te sera soumis. Aie-les tous en sévère horreur et ne fraie avec aucun dans ta vie quotidienne. Et même quand tu seras dépouillé de ta terre, de ta personnalité politique, même quand tu seras dispersé par toute la surface de la terre et parmi tous les peuples, n'importe, crois à tout ce qui t'a été promis une fois pour toutes, aie foi que cela sera, en attendant continue de vivre, de mépriser, d'être uni et d'exploiter, et patience, patience..."

Les contradicteurs prétendent que c'est la persécution qui engendra l'État dans l'État, le besoin de se préserver, l'instinct de conservation. Dostoïevski n'en croit rien, même sans les persécutions, les juifs, croit-il, tiendraient à leur État dans l'État plus que tout au monde. Il sont plus vigoureux que toute autre civilisation, puisqu'ils ont la plus grande longévité, soutenus par une motivation religieuse, l'avènement du messie. L'État dans l'État sert donc cette idée, en les maintenant dans la ségrégation, munis de leurs propres règles.

C'est ainsi que l'égalisation de leurs droits avec les autres, mène en fait à une situation d'avantage et de surabondance en faveur des juifs, plutôt que d'égalité.

Une autre manière pour les juifs instruits d'amener leur revendication de manière toute rhétorique, est par la comparaison avec les autres allogènes: pourquoi n'ont-ils pas les mêmes droits qu'eux? Le romancier note que les juifs font bonne vie en Russie, un pays sous-développé et que leur présence n'engendre aucune amélioration des conditions de vie de la nation. Au contraire. Il note: "Et au lieu que son influence contribue à relever ce niveau d'instruction, à répandre davantage les connaissances, à éveiller des capacités économiques dans la population de souche, au lieu de cela, partout où s'est installé l'Israélite, il a encore avili et corrompu davantage le peuple, la qualité humaine s'est encore amoindrie, le niveau d'instruction a encore baissé et plus répugnante encore s'est répandue une misère sans issue, inhumaine, et avec elle le désespoir." Car ce qui domine chez lui, selon le témoignage de la population de souche des confins de la Russie: c'est "l'absence de pitié". Il n'y a pas d'équivalent chez les autres populations d'allogènes. Voilà pourquoi les juifs ne doivent pas avoir les mêmes droits que les autres selon lui.

En Europe occidentale, leur influence est loin d'être négligeable, car ils y contrôlent les bourses, les échanges de capitaux et sont maîtres du crédit. Ils n'en sont pas les seuls coupables, note-t-il, mais leur prospérité advient exactement avec le triomphe des nouvelles valeurs. Et ces valeurs, les voilà décrites: "...et ce que réserve l'avenir, les Israélites, eux, le savent: c'est leur règne qui approche, leur règne total ! Voici venir le plein triomphe d'idées devant lesquelles succomberont les sentiments de charité humaine, la soif de vérité et de justice, les sentiments chrétiens, le sens national et jusqu'à la fierté nationale des peuples européens. Voici venir par contre le matérialisme, la soif aveugle et charnelle de sécurité matérielle personnelle, la soif d'accumuler par tous les moyens l'argent pour soi seul (...)" (emphase ajoutée par moi).

On dira qu'il y a des juifs pauvres, qu'ils souffrent eux-aussi. Mais s’ils ont des pauvres, juge-t-il, c'est dû au châtiment porté dans la nature mauvaise de leur mode de vie, qui est de négocier le travail d'autrui. Et ce n'est pas qu'il n'y a pas de bon juif, mais il s'agit plutôt de l'idée du juivisme qu'il s'agit de juger.


IV. Mais vive la fraternité

Dostoïevski se prononce quand même pour le plein élargissement des droits pour les juifs, et ce même s’ils ont déjà plus de moyens d'en jouir. Il y a là de l'ironie, car à la fois il réclame une plus grande compréhension entre les peuples, tout en soulignant qu'il y a plus de haine chez le juif que chez le russe. Ainsi, oui pour la fraternité universelle; mais qu'elle ne soit pas à sens unique.



Pour lire les pages du texte original, il suffit de cliquer leur image en jpg ci-dessous.

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2006/07/23

Propagandes, par Jacques Ellul



Jacques Ellul, 1912-1994

Les blogs se lisent à l’envers, le premier message est tout en bas. Pour récapituler, rappelons que nous envisageons d’expliquer les faits historiques et sociaux par une compréhension biologique de l’homme en opposition à l’humanisme des “ Lumières ”. L’Homme n’est pas un être qu’une raison universelle rend lucide, mais un être confronté à une situation concurrentielle, où il doit défendre son groupe ethno-racial contre les avancées des groupes adverses. Il peut être persuadé du contraire, comme le fakir se persuade que la souffrance peut-être niée, mais la croyance même de l’homme européen en cette raison universelle le désarme et le rend littéralement stupide devant le reste de l’espèce humaine

Le professeur Kevin MacDonald a justement souligné l’utilisation par le groupe ethno-racial juif de cette raison occidentale pour l’avancement de ses intérêts propres, par la création d’idéologies à vocation universelle, destinées manifestement à affaiblir la cohésion communautaire des sociétés hôtes où ils entendent exister, l’européenne essentiellement. Il en résulte que nos sociétés sont dominées par cette moralité que l’on peut qualifier de contre-nature, par laquelle la race blanche est promise à sa terminaison imminente si aucun redressement n’est effectué.

L’auteur de science fiction français Pierre Boule, qui a signé La Planête des singes, semble avoir voulu illustrer cette vulnérabilité, faite de naïveté et de sotte confiance envers la science et la raison de l’homme blanc européen, au travers sa très intéressante contribution littéraire. Au siècle précédent, un auteur tel Dostoïevski comprit aussi cette relation concurrentielle et écologique entre les groupes, identifiant encore une fois le juif comme ayant un impact particulièrement néfaste sur les sociétés européennes, la paysannerie russe en tout premier.

Une composante importante de ces idéologies à vocation universelle est la négation d’une hiérarchie entre les races, découlant de leurs différents degrés de compétence à développer des sociétés complexes, et même à leur négation même au sein de l’espèce humaine. L’ouvrage de Vincent Sarich et Frank Miele, RACE, The Reality of human differences, tout en démontrant la réalité biologique et l’inégalité des races, servit aussi à montrer l’implication juive dans l’élaboration de cette pensée anti-racialiste.

Mais comment est-il possible que l’homme blanc européen, dont le triomphe sur l’espèce humaine semblait absolu et même irrémédiable il y a tout juste un siècle, poursuive ainsi une marche de zombie vers un abîme qui sera sa perte? L’existence aujourd’hui, dans la société moderne, du phénomène de la propagande, est certainement une clef importante pour comprendre cette désespérante attitude suicidaire.

Sur ce sujet, l’ouvrage Propagande de Jacques Ellul, est un véritable classique et l’un des ouvrages les plus fascinants à lire. Notons que l’auteur est cependant lui-même un humaniste chrétien, philo-sémite et ami d’Israël.


Ellul fournit quelques définitions de la propagande dont celle-ci : “ C’est l’expression d’opinion ou l’action effectuée délibérément par des individus ou des groupes en vue d’influencer l’opinion ou l’action d’autres individus ou groupes, avec référence à des fins prédéterminées et au moyen de manipulations psychologiques ”.

Si la propagande s’adresse aux masses, celles-ci n’ayant pas de conscience en elles-mêmes, c’est chaque individu qui les compose qu’elle rejoint concrètement. L’individu est lui, vulnérable et isolé, pourtant entouré par la multitude dont il sent le poids et la force, même s’il est profondément conscient de lui-même. Pour atteindre son maximum d’efficacité, la propagande doit être totale et non pas sporadique. C’est ainsi qu’elle pourra obtenir le conformisme souhaité, une situation de fait et engendrer l’adhésion par le biais de l’action ou de la passivité.

La complémentarité des messages par divers moyens, l’affiche, le cinéma pour suggérer un climat profond et subtil sur le long terme, la radio pour les relations internationales et les discours choc, donne au contenu de la propagande, son caractère crédible et difficile à contre-dire. Certaines propagandes seront manifestes, nous pouvons les appeler propagandes blanches, mais d’autres seront diffusées sans pouvoir la relier au pouvoir, les premières ne servant qu’à couvrir les secondes. Ces dernières seront dites noires.

Il s’agit de créer des mythes, une explication du monde, une raison pour l’action.

Elle se doit d’être continue, l’individu ne doit pas pouvoir se reprendre. La continuité engendre un bruit ambiant maintenant son auditeur désorienté et confus. Alors il adoptera l’attitude prépondérante, sciemment favorisée par le propagandiste.

Il ne s’agit pas de le faire changer d’opinion, une telle conversion est longue et aléatoire, mais plutôt d’obtenir l’action, elle exacte et précise. Il faut court-circuiter le lien entre pensée et décision. L’action sera collective et appellera l’action, car alors chacun entre dans un processus de justification continue.

Avant d’en arriver à cela, il aura été nécessaire d’installer un processus de conditionnement collectif, pour amener les masses à réagir immanquablement à certains stimulis : la démocratie ou le prolétariat, la solidarité internationale, le désir de paix ou la patrie et la race. Dans ces images sera incarné tout le souhaitable. C’est cette pré-propagande surtout qui doit être continue, la propagande active peut-être elle sporadique.

Son contenu devra tenir compte du terrain psychologique de la société où elle s’exercera. Les schémas mentaux, les mythes et opinions éparses, en seront la matière première, car elle ne peut partir de rien. Elle cherchera alors à créer du nouveau, un contenu dont elle sera maîtresse. Justement la complexité de l’homme et de sa réalité environnante, permet l’utilisation de l’ambiguïté grâce à laquelle, au final, pratiquement toutes les idées ou comportements, même les plus contraires aux traditions, finissent par s’imposer. Il suffit de respecter les besoins de la population et ses quatre présuppositions collectives : le but de la vie c’est le bonheur, l’homme est naturellement bon, l’histoire évolue selon un progrès incessant, tout est matière.

Elle doit aller dans le sens de l’accroissement du mythe non l’inverse. Ces mythes seront, la jeunesse, la science, la nation, le héros, etc.

L’actualité est un flot ininterrompu d’événements fugaces qui attirent fortement l’attention, mais qui seront vites oubliés. Il y a désintérêt immédiat pour le réchauffé, l’intérêt publique évolue continuellement. Elle contribue fortement à créer ce bruit, cette confusion, ce sentiment d’impuissance chez l’homme, qui le livrera à la propagande.

Différents acteurs engendrent des catégories différentes de propagande. Celle des partis est généralement limitée et de faible envergure. La propagande sociologique cherche au contraire à faire adopter des réalités globales, des modes de vie. L’homme vit dans un contexte, la propagande va l’amener à accepter et à s’adapter à cette réalité. Dans sa mise au diapason général, il aura l’impression d’avoir fait ses propres choix.

Un ordre des choses tend alors à se construire de lui-même, car bien des propagandes ne sont pas volontaires. L’enseignement ou la production cinématographique en générale, reflètent les attentes d’une population et de son mode de vie, mais n’en constitue pas moins une propagande.

La propagande peut-être rationnelle ou irrationnelle. Cette dernière donne des résultats plus immédiats, mais ceux de la première sont plus permanents et pour cela, elle est de plus en plus utilisée, grâce surtout à la baisse du sens critique individuel. Ce paradoxe est une grande force pour la propagande. Le fait rationnel utilisé par elle, pour vendre une voiture ou faire accepter une entrée en guerre, ne peut être évalué rationnellement par l’individu, car il n’y connaît tout simplement rien. Il ne peut saisir qu’une image globale et colorée.

La création de la masse par la disparition de la société traditionnelle, était nécessaire au règne de la propagande. Les sous-groupes locaux, qui rendaient l’individu inaccessible aux influences lointaines et abstraites, n’existent plus et sans eux l’homme moderne est sans direction. On parle alors d’opinion publique, émanant de gens sans liens entre eux. Les mass-médias dans ce contexte gagneront un pouvoir quasi-absolu.

C’est une population au-dessus des besoins de base qui peut recevoir le contenu de la propagande, contenu qui fera d’autant mieux son chemin chez des consciences de culture moyenne. L’alphabétisation est une condition essentielle à sa réception. Aussi, que la lecture rende libre est une illusion navrante. L’intellectuel est d’autant plus vulnérable qu’il se croit armé et protégé.

Mais la propagande n’est-elle pas un mal nécessaire? Comment l’état pourrait-il s’en passer? Toute politique a besoin de l’adhésion du peuple. Le pouvoir est de plus confronté à une situation où le peuple ne veut pas être gouverné par des mandarins. Il paie des impôts, il s’intéresse à la politique, il faut en tenir compte. Or il ne sait pas ce qu’il veut, il ne connaît pas son intérêt, de plus il est incompétent. Pour les problèmes nouveaux, il n’existe justement pas encore d’opinion, opinion qui sera ensuite fragmentée, éparse, sans continuité et impossible à suivre. Il faut donc créer une opinion de toute pièce que le gouvernement ensuite prétendra suivre. Il s’agit de gouverner par l’intermédiaire de la masse.

L’état doit aussi se maintenir, lui et la nation. Cette dernière doit faire corps derrière son état, face aux nations rivales, ou alors elle meurt. En démocratie, l’idéologie de la souveraineté du peuple oblige l’emploi de la psychologie, qui, au final, s’avère plus pernicieux qu’une idéologie oeuvrant pour abolir la liberté des gens. Aussi, la propagande est inévitable, autant en démocratie que sous les régimes totalitaires.

Cette inévitabilité vient aussi des besoins de l’individu lui-même. Isolé, sans guide, dépassé par les questions graves et globales du monde contemporain, aliéné par une vie monotone, sans réalisations personnelles, l’homme de masse s’entend, à besoin de valorisation et de participer en ce qu’il peut croire être une aventure exaltante, où les faits sont justifiés dans un cadre historique. Il doit vaincre son impression de vacuité et satisfaire son besoin de se sentir juste et bon. La création d’un monde nouveau et idéal est exaltante. L’homme moderne est devenu sans passé, sans avenir. La propagande fait la continuité.

Des faits terribles lui sont rapportés et ils se renouvellent à chaque jour. Il est impossible d’établir les liens et la continuité. La mémoire oublie rapidement ce qui se produisit et la réalité collective devient un pointillisme d’où ne se dégage aucune image cohérente que permettrait un certain recul. La propagande fixera le fait dans une signification, lui faisant perdre son caractère terrible.

Aussi, l’homme n’est pas la victime innocente, mais le complice de la propagande. Qu’il devienne sceptique face à la politique, contribuera à le convaincre qu’il faut la laisser aux professionnelles, aux politiciens. Le but de la propagande sera encore servi.

Dans la société traditionnelle, les croyances étaient largement vénérées. Maintenant, le propagandiste n’est qu’un technicien manipulateur qui ne croit plus à l’idéologie. Il faut engendrer l’action, la participation ou la passivité. La propagande acquiert son autonomie et ne cherchera qu’à éviter de heurter l’idéologie qui demeure un critère de validation. Le nationalisme et la démocratie sont aimés du peuple, donc le communisme l’intègre. Mais la propagande peut fragmenter l’idéologie, la dévaloriser et en faire ce qu’elle veut. Il suffit de trouver les mots magiques, l’apparat.

L’opinion n’est pas créée par des interactions mais par l’action. Les moyens pour arriver au socialisme, constitue le socialisme pour Lénine. La conscience de classe est fabriquée de toute pièce, puis élaborée en un système imperméable où les faits contraires sont irrecevables. La création d’unité qui en résulte abaisse la frustration de l’individu moderne dont nous avons dressé les nécessités psychologiques. Aussi, les opinions contraires à la propagande seront accueillies avec hostilités. La densité même de cette opinion publique ne laisse plus d’espace pour l’expression d’opinions personnelles. Même inassimilable, l’homme de masse va suivre l’opinion publique de manière impersonnelle.

L’opinion engendre rarement l’action. Or c’est ce que veut le pouvoir : une participation ou une action. La propagande va utiliser les attitudes présentes dans la société, non pas les modifier. Elle va préparer psychologiquement l’homme à l’action en lui suggérant que l’acte est nécessaire ou sera récompensé et il va entrer dans l’action. Le leader local n’existe plus, le leader national est abstrait et lointain, la propagande les remplace tous les deux.

Les médias séparent les groupes. Les communistes suivent la propagande qui les concerne. Les spécialités omniprésentes dans la société technicienne, contribuent aussi à cette situation. Les urbanistes ne lisent pas les revues de médecine. L’unité est préservée par la création d’un manteau de fiction verbale à un niveau commun. Les autres niveaux existent toujours, mais ils sont minorités les uns par rapport aux autres, sans langage commun. On louange le régime, mais à la fois il faut bien permettre les commentaires pertinents dans le but d’améliorer la situation. Ce sera fait dans des revues spécialisées.

Au niveau politique, les coûts de la propagande réduisent les canaux d’oppositions et mènent au bipartisme. Les partis politiques majoritaires doivent avoir une large base et mener des campagnes démagogiques. Ils peuvent aussi s’inféoder aux pouvoirs financiers et dans un cas comme dans l’autre, les politiques ne pourront dépasser un cadre étroit. Les investissements et donc les risques sont trop grands pour oser les avenues nouvelles. Les oppositions innovatrices n’auront souvent que peu de moyens et ne seront qu’une critique colorée du pouvoir.

En démocratie il doit y avoir absence de monopole. La propagande coûte cher, aussi il y a risque que l’information ne devienne qu’une affaire d’état. Des individus en possession de médias peuvent aussi exercer une grande influence et être une menace à la démocratie qui devient une lutte entre état et corporations : quels mots le public va entendre.

La démocratie est en concurrence avec les sociétés totalitaires et ne peut donc se passer de faire de la propagande. Elle prétend refléter l’ensemble des opinions et gagne elle-même un aspect monolithique contraire à l’esprit démocratique. La démocratie prétend être le triomphe de la vérité. Elle représente l’état achevé de l’histoire, elle vient à la toute fin du processus historique d’où sa valeur de vérité. Mais l’histoire choisit parfois autre chose. Par le biais de la propagande, la démocratie en vient à créer les signes de la vérité pour maintenir ainsi son identité et sa justification.

Fin du résumé.

L’idéologie de l’état démocratique libéral est que le citoyen bien informé s’en retrouve éclairé, pourvu qu’il est d’une raison qui se veut universelle. Au nom de sa liberté, les décisions doivent lui être confiées, par le biais de la représentativité il va sans dire. Que reste-t-il d’un tel système après l’analyse de Jacques Ellul? À vrai dire, la démocratie EST une propagande, la plus insidieuse des fictions politiques, pire peut-être que le communisme, où les gens savaient au moins qu’ils n’étaient pas libres.

Jacques Ellul affirme que pour qu’il y ait une propagande efficace, il doit y avoir un monopole concentré des mass-médias. Une telle situation apparaît-elle d’amblée? Nous connaissons la convergence de Québecor par exemple et des commentaires réguliers sur le pouvoir de Power Corporation. Mais ces phénomènes sont relativement limités dans le temps et entraînent des altérations d’une envergure limitée, alors que Ellul parle de phénomènes sociétaux globaux sans commune mesure. Aux États-Unis, les trois réseaux privés américains montrent-ils des signes si évident d’un contrôle financier ou administratif unifié?

L’analyse d’Ellul est manifestement juste. L’individu vote sans indépendance. Il est évident que le monde est orienté. L’antiracisme, les égalités en tout genre, des sexes et des races en particulier, auront été les propagandes les plus considérables de notre époque. Ce sont là les nouveaux mythes qui ont totalement transformé nos sociétés. Ils ont commencé par abolir les empires coloniaux. S’il n’en avait été que de cela, mais ils ont continué leur œuvre et ont ouvert nos frontières à l’immigration indifférenciée. Ces mythes sous-tendent la culpabilisation perpétuelle de la race blanche qui a perdu tout instinct à défendre ses intérêts ethniques propres. Or cela s’observe dans toutes les sociétés occidentales, anti-racisme, frontières ouvertes, rabaissement de l’homme blanc. Y aurait-il un monopole de tous les médias du monde?

Un phénomène plus profond, nullement abordé par Ellul, caractérise le monde contemporain et sa compréhension est plutôt à trouver dans l’analyse de Kevin MacDonald dans son ouvrage The Culture of Critique. Même sans un contrôle monopolisé des médias au niveau de leur propriété, leur contenu, les mots qu’ils diffusent aux masses, sont massivement convergents, conditionnés par cette “ culture ” très critique envers la race blanche, décrite par le professeur de psychologie américain et ayant pour origine, cette grande stratégie juive de survie par le biais du contrôle intellectuel. Cessons aussi de feindre la naïveté, il y a bien un lien entre les trois réseaux américains et c’est leur contrôle juif. Au Canada, les journaux du Canada anglais sont à 60% sous le contrôle CanWest Gobal de la famille Asper.

L’ouvrage de Jacques Ellul est très intéressant pour dépeindre la condition de l’homme moderne, son désarmement et son impuissance à contrôler le destin de sa collectivité. Il y a court-circuitage de tous ses instincts de défense collectifs, les opinions personnelles motivées par les sentiments d’appartenance sont submergées et alors éteintes. Et c’est ainsi que nous avons pu élire des gouvernements qui entendaient ouvrir nos frontières à l’immigration, qui allait permettre à des gens n’ayant aucun lien avec notre race, de venir cueillir le fruit de notre civilisation, élaborée par nos ancêtres qui se sont sacrifiés et aura emporté en quelques décennies, l’effort légué par des centaines de générations.